Reste(s)
Noémie Carcaud


Après avoir longtemps marché, suite à un effondrement dont on ignore la nature, un groupe de survivants arrive au pied d’un mur, un mur gigantesque et infranchissable. En proie à un dénuement extrême, ils longent ce mur qui semble infini, fantasmant chaque jour un peu plus ce qui se trouve de l’autre côté… Au pied de ce mur ils se rassemblent pour tenter de réinventer leur propre mythe, en collectant leurs restes… Que reste-t-il, quand il n’y a plus rien ? Quelles traces subsistent de nos souvenirs, de notre langue, de notre histoire ?
De notre culture et de notre civilisation ? De nos valeurs et de notre morale ? Qu’en est-il de la nécessité de la beauté, de la joie, de l’art et de la poésie ? Avec cette création suspendue dans l’espace et le temps, entre fiction poétique et fable métaphysique, Noémie Carcaud interroge avec humour les valeurs réelles des choses matérielles et immatérielles, et l’absurdité magnifique de l’existence humaine…
Prochaines dates
- Théâtre de la Vie, Bruxelles – 18 > 29/01/2022
- À la maison de la culture – décembre 2022 (dates à venir)

Les Invitations et thématiques/sujets abordés dans le cadre de la création sont en construction avec l’équipe artistique, dates et infos pratiques à venir.
Interview
« J’ai l’impression de mieux réfléchir en marchant. Cela fait aussi lien avec le spectacle car l’action de marcher y occupe une place importante pour les protagonistes, quoi qu’il arrive il faut avancer ! »
Comment habitez-vous le temps ?
Mon rapport au temps n’est pas le même selon les périodes que je traverse. Actuellement, je suis en phase d’écriture donc ce qui fait sens pour moi c’est la marche. J’ai l’impression de mieux réfléchir en marchant. Cela fait aussi lien avec le spectacle car l’action de marcher y occupe une place importante pour les protagonistes, quoi qu’il arrive il faut avancer ! J’aime bien marcher au parc Duden. Lors d’une performance que j’ai faite en 2011 intitulée Jachère, j’ai exploré cette question de mon rapport au temps et, dans mon processus de créativité, de mon besoin de moments de jachère, de rien, de ma nécessité de « laisser en friche », d’arrêter de penser ou de construire. Des moments où je cherche à vider mon esprit, à me divertir. Et, il y a un autre temps, où je sens que j’ai besoin de me nourrir, alors je lis, je vais voir des spectacles, des expositions, des films…
À quel moment avez-vous eu l’idée de vous lancer dans votre projet de création ?
Il y a environ 3 ans, j’étais dans une période de ma vie durant laquelle j’avais une perte de sens, je me sentais arriver au bout de quelque chose. Tant d’un point de vue individuel que collectif, j’avais l’impression que tout était saturé ; avec la sensation qu’on ne pouvait plus continuer comme ça et qu’il fallait faire le point.
Comment votre projet de création a-t-il évolué au fil du temps ?
Je pratique l’écriture de plateau, c’est-à-dire que le spectacle se construit à partir du travail effectué avec les comédiens, c’est une sorte de dialogue permanent entre eux et moi. Le processus est donc un dialogue en lui-même ; en travaillant de cette manière, on brasse toutes sortes d’idées et même si toutes celles-ci ne sont pas reprises, il est important qu’elles aient été dites. Au début du travail, on essaye plusieurs choses ensemble et, au fur et à mesure que le travail avance, avec toute cette matière, nous allons vers l’épure et enfin, cela se dessine très nettement.
Avez-vous la notion du temps ?
Oui, j’ai terriblement la notion du temps ! Parfois, je pense que je gagnerais à l’avoir moins pour me détendre un peu… Cette conscience du temps c’est avoir en permanence conscience de sa finitude et j’aimerais l’oublier de temps en temps.
Qu’est-ce que le temps perdu ?
Je ne suis pas vraiment nostalgique. Par contre, je peux avoir comme des vertiges lorsque je réalise que certaines choses n’arriveront plus jamais comme, par exemple, être mère. Lorsque j’ai réalisé que je n’aurai plus d’autre enfant, j’ai eu une sorte de moment de panique. C’est quand même une forme de nostalgie ! C’est plutôt par rapport au fait de vieillir… Cela m’évoque le livre de Stig Dagerman Notre besoin de consolation est impossible à rassasier dans lequel il explique que ce dont on a manqué, on ne pourra potentiellement pas le retrouver, c’est toujours trop tard.
Qu’est-ce qui est perte de temps ?
Je suis de nature très impatiente et je peux vite avoir l’impression de perdre mon temps. Perdre son temps c’est une vue de l’esprit parce qu’on peut très bien décider de ne pas occuper son temps de manière pertinente et intelligente ; c’est ma propre inaptitude à transformer des choses inintéressantes en choses intéressantes. Sinon, j’ai souvent l’impression de perdre mon temps avec tout ce qui est en lien avec les administrations.
Quand avez-vous l’impression d’avoir tout votre temps ?
Quand j’arrive à être au présent.
Que faites-vous tout le temps et qui vous définit ?
Je guette ; une forme de vigilance constante, d’intranquillité, un état de veille permanent. Que ce soit positif ou négatif, je critique tout, je veux que les choses soient bien faites.
Qu’est-ce qui a fait son temps ?
Le fascisme, la bêtise aussi et enfin, la phallocratie, le patriarcat.
Si vous deviez vous rappeler un temps fort ?
Mes accouchements sont les temps les plus forts que j’ai vécus !
Plutôt tôt ou tard ?
Les deux : je suis une couche-tard et une lève-tôt, j’ai toujours peur de rater quelque chose.
Il est temps de… d’être heureux.se et lucide ! (cfr. Calaferte)
Distribution
Avec : Jessica Gazon, Sébastien Fayard, Emmanuel Texeraud, Manon Joannoteguy, Pauline Gillet Chassanne, François Maquet, Quentin Chaveriat, Yves Delattre – Conception, écriture et mise en scène : Noémie Carcaud – Assistanat à la mise en scène : Mélanie Rullier et Hélène Mouchtouris – Dramaturgie : Estelle Charles – Scénographie et costumes : Marie Szersnovicz – Son : Guillaume Istace – Lumières : Margareta W. Andersen
Une création de la Compagnie Le corps Crie – Chargée de production : Margot Sponchiado – Coproduction : Théâtre de la Vie, maison de la culture de Tournai/maison de création, La Coop asbl et Shelter prod – Soutiens : Fédération Wallonie-Bruxelles, tax shelter.be, ING et taxshelter du Gouvernement fédéral belge, Théâtre Océan Nord – Remerciements au BAMP