Loco

Natacha Belova / Tita Iacobelli – Cie Belova-Iacobelli

© Pierre-Yves Jortay

Le Journal d’un Fou est un conte absurde qui traite de la frontière incertaine entre folie et raison. Le héros de la nouvelle, Poprichtchine, est un fonctionnaire au bas de l’échelle qui vit son quotidien entre la routine de son emploi dérisoire et ses petits plaisirs d’homme solitaire. La découverte d’un pouvoir extraordinaire lui donne l’espoir de changer son destin : conquérir la femme inaccessible et accéder à une place honorable au sein de la société.

Mais ce « pouvoir » est aussi le premier pas vers la folie, qui l’amène à créer sa propre version de la réalité : il s’autoproclame « Roi d’Espagne Ferdinand VIII ». Cette imposture le sauve temporairement de son désespoir pour mieux le plonger plus tard dans un grand désastre. Les soi-disant « députés espagnols » arriveront pour emmener Ferdinand VIII… à l’asile.

Prochaines dates

  • Théâtre Corpartes, Santiago, Chili – 6 > 17/04/22
  • À la maison de la culture, Festival Découvertes Images et Marionnettes – septembre 2022
  • Théâtre de Poche, Bruxelles – 30/11 > 17/12/22

Les Invitations et thématiques/sujets abordés dans le cadre de la création sont en construction avec l’équipe artistique, dates et infos pratiques à venir.


Interview

« Comme j’aime mon travail, le temps se concrétise souvent dans mon atelier car c’est là que je rends visibles beaucoup de rêveries, de réflexions, d’évasions. »

Comment habitez-vous le temps ?
Il y a le temps que je prends, des moments que je choisis qui sont plus intimes, et le temps qui m’importe, pour la plupart du temps, qui allie ma vie professionnelle et sociale. Ces deux rapports au temps ont été perturbés ces derniers mois. Cela m’a permis d’avoir une prise de conscience très concrète du temps. C’était intéressant comme expérience humaine surtout concernant la vie quotidienne, que l’on ne mesure pas toujours quand on est en mouvement, dans notre travail, notre vie sociale.
Comme j’aime mon travail, le temps se concrétise souvent dans mon atelier car c’est là que je rends visibles beaucoup de rêveries, de réflexions, d’évasions. J’y crée mes marionnettes, mes dessins, mes objets… Quand je suis dans mon atelier, le temps est subjectif ; je peux aussi bien créer dans l’urgence que lorsque je prends le temps, c’est assez aléatoire. Le temps est gérable et, en même temps, il faut lui faire confiance.

À quel moment avez-vous eu l’idée de vous lancer dans votre projet de création ?
À la fin de la création de Tchaïka, Tita et moi pensions à un autre projet. Il était important pour nous de nous poser cette question assez vite. Suite à Tchaïka, qui parle du parcours d’une actrice, nous voulions travailler sur le parcours d’un homme et très vite m’est venue l’idée du Journal d’un fou de Nicolas Gogol. Cette pièce m’a marquée car mon père l’a mise en scène dans son théâtre et a joué le rôle du fou. J’ai proposé le texte à Tita et nous avons pris le temps d’y réfléchir. Finalement, dans la folie de Loco, on s’est rendu compte que l’on pouvait explorer l’intimité humaine de façon spectaculaire. L’idée, aussi, que cet homme soit manipulé par une ou plusieurs femmes, crée un paradoxe qui nous plaisait bien. Pendant la création, nous avons suivi notre intuition. On ne se sait pas toujours comment dire ou comprendre les choses avant de les faire.

Comment votre projet de création a-t-il évolué au fil du temps ?
Au départ, il y a eu la lecture des textes de Gogol. Je me suis aussi beaucoup inspirée de sa vie car celle-ci est fortement liée à l’oeuvre. J’ai aussi beaucoup travaillé sur le langage de Gogol, assez innovant pour son époque, il est à l’origine de textes absurdes, fantastiques et mystiques. Lorsque nous répétions Tchaïka, je faisais déjà des essais avec des marionnettes. Nos recherches ont démarré très vite lors de résidences. J’ai aussi beaucoup travaillé dans mon atelier au moment du confinement pendant que Tita était au Chili. Ensuite, nous avons vraiment commencé à créer les marionnettes et déterminé la façon et les outils avec lesquels nous allions travailler pour la création le spectacle.

Comment appréhendez-vous ce « temps éphémère » passé au plateau par rapport au « temps long » passé à la conception du spectacle ?
En ce qui nous concerne, nous avons besoin d’avoir une écriture visuelle puisque nous travaillons essentiellement avec des objets et des marionnettes ; c’est pourquoi, nous créons vraiment le spectacle directement sur le plateau.
Dans ce spectacle, le visuel impacte le sens, la compréhension intellectuelle. Ce travail au plateau est donc essentiel pour déterminer quel langage nous allons utiliser dans le spectacle. Ce temps long passé au plateau est nécessaire car le jeu ne peut être créé avant. Tita, comédienne dans le spectacle, crée en rapport direct avec les objets. La force et l’essence du spectacle viennent de la relation entre la comédienne et la marionnette.

Qu’est-ce qui est perte de temps ?
Lorsque qu’il y a un conflit impossible à résoudre. Parfois, dans les relations privées ou professionnelles, il y a des confrontations où chacun.e d fend son univers, son avis et nous devrions accepter ces différences plutôt que de passer du temps à essayer d’amener l’autre à notre endroit, vouloir prouver à tout prix à l’autre que l’on a raison. Parfois, il n’y a pas de solution idéale.

Qu’est-ce qui a fait son temps ?
Le ressentiment. Arrêtons de râler, passons à autre chose ! Si vous deviez vous rappeler un temps fort ? Lorsqu’un spectateur, les larmes aux yeux, me remercie pour ce que je fais. C’est très fort, j’apprécie énormément. Car je sens qu’il se passe quelque chose et que cela laissera des traces. Et c’est encore plus fort si cette personne n’a pas l’habitude d’aller au théâtre !

Il est temps de… trouver « Alegria » ! Il est temps de retrouver la vibration de la vie, d’être vivant ; avant de mourir, il faut vivre !

Distribution

Mise en scène, dramaturgie et interprétation : Tita Iacobelli – Mise en scène, dramaturgie, conception de la scénographie et marionnettes : Natacha Belova – Interprétation : Marta Pereira – Chorégraphie, regard extérieur : Nicole Mossoux – Assistanat à la dramaturgie et regard extérieur : Raven Rüell – Création lumière : Christian Halkin – Marionnettes : Loïc Nebreda – Création sonore : Simón González – Costumes : Jackye Fauconnier – Scénographie et assistanat à la mise en scène : Camille Burckel – Production : Javier Chávez – Production artistique : Daniel Córdova – Régie lumière : Gauthier Poirier dit Caulier

Production : Compagnie Belova-Iacobelli – Coproduction : Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Théâtre de Poche Bruxelles, L’Atelier Théâtre Jean Vilar Louvain-la-Neuve, maison de la culture de Tournai/maison de création, Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes Charleville-Mézière, Fondation Corpartes Santiago, Chili, Le théâtre de la Cité de Toulouse – Remerciements pour la contribution artistique : Sophie Warnant – www.belova-iacobelli.com